Si dans les années 90, les lofts et anciens ateliers reconvertis faisaient rêver dans les chaumières, il semblerait qu’aujourd’hui, les rêves soient davantage faits de petites maisons dans la prairie. Il suffit de promener son regard à La Fnac pour s’en convaincre. Ici c’est « Cabin Porn », un ouvrage qui compile les plus jolis chalets et cabanes du monde entier en référence au « food porn », cette tendance à photographier son assiette à tout va. Là c’est « the Small House Book » ou encore « Vivre heureux dans un petit espace » . Passons sur les vidéos circulant sur le net où de nombreux heureux occupants de maisons lilliputiennes en vantent les mérites. Quant à Muji, toujours à l’affût, il propose déjà au Japon une série de « Huts », cabanes de 10 à 40 m2, en liège, bois et aluminium, démontables et déplaçables.
Vivre dans une petite surface a toujours été, il est vrai, un marronnier pour les magazines de déco au moins aussi récurrent que le classement des meilleurs lycées par ville. Vivre en ville, dans un « studio malin » ou à la campagne, dans un « esprit roots-chic » au beau milieu d’endroits forcément sublimes. Mais le phénomène semble aujourd’hui aller au-delà de cette seule nécessité kiosquière.
Il est tout d’abord le reflet d’un marché de l’immobilier en ville devenu inaccessible pour beaucoup. Une forme de résignation positive érigée en art de vivre. Tant qu’à habiter une petite surface, autant y mettre du cœur et de l’enthousiasme et soigner l’affaire. Après l’esprit boudoir place à l’esprit cabane. Celui-ci est aussi le signe d’une attitude décroissante. Moins d’espace, moins d’objets, moins de consommation, moins de CO2 . Less is more. Mais pas seulement. Less est aussi une attitude de connaisseurs. Bien choisir chaque produit, c’est réfléchir à son achat et non acheter compulsivement pour parvenir à remplir le vide. Ce goût pour le « tiny » est également la conséquence d’un nouveau rapport à l’environnement. Ni caravane, ni mobile home, ni vraiment maison, la « cabane » se pose dans l’espace sans laisser de traces. Elle est un « entre deux » apprécié par notre époque et creuse le même filon que les food-trucks.
Réponse à une nécessité économique autant qu’à une aspiration citoyenne et écologique, la cabane n’est désormais plus un mythe.