Le snacking n’a pas bonne presse chez les diététiciens et pourtant, force est de constater qu’il ne s’est jamais aussi bien porté. Sans doute parce qu’il répond aux aspirations du moment à réinventer les règles et les conventions. Bouillon Service, pionnier de la néo-brasserie parisienne (un créneau devenu filon) a senti le vent venir puisqu’il propose désormais une offre de snacks salés et sucrés à emporter, qui se consomme sans couvert et sans façon. Et même sans micro-ondes. Bien loin de l’esprit brasserie de ses origines. Du bon, du simple, du rapide, du pas cher, du « un peu partout » et du « un peu tout le temps » s’affirme comme le nouveau mantra de Bouillon Service, rapidement qualifié de French finger food pour évoquer des buns (œuf mayo ou jambon de Paris comté), des quiches et des parts de flancs. Il fallait y penser…
On peut aussi noter le retour du sandwich au pain de mie « clachic », coupé au cordeau et emballé dans un papier logotypé. Proposé depuis des années par Carette au Trocadéro, le voilà aujourd’hui repris et décliné en mode Instagram par Petibon, rue Montorgueil, ou en version japonaise, sous la forme de sandos ultra moelleux et graphiques, une fois coupés en deux, car fourrés de légumes fermentés colorés. Plus facile à manger qu’un burger, plus goûteux qu’un taco, moins gras qu’un kebab et moins années 90 que les tapas, le sando, déclinable à l’infini, pourrait rapidement régner sur le monde des snacks… Nouveau chapitre en perspective pour les plateformes de livraisons.
Car, les petits plats mitonnés avec amour proposés par Frichti à ses débuts appartiennent désormais au passé. Ce sont les pizzas, les burgers et les poke-bowls qui ont gagné. Risque de lassitude en perspective. La finger food, disparue des radars de la branchitude, refait donc surface. Le succès des terrasses, des planches à partager et des apéros n’y est pas étranger. Désormais, dîner ne signifie plus forcément cuisiner et préparer un menu, mais aussi picorer un ensemble de petites propositions snackées, comme autant de signes de modernité urbaine. Il ne s’agit plus de s’installer à table mais de se réunir autour d’une table pour partager un moment dominé par l’alcool (cocktails, vins, bières) et la coolitude. Deux mots qui n’ont pas seulement beaucoup de lettres en commun…