Puisque tout le monde est désormais convaincu que le futur du commerce tiendra à sa capacité à proposer des « expériences » inédites à ses clients, reste à définir ce que ce mot, utilisé à tout-va et avancé comme une solution magique, peut signifier réellement.
L’expérience client est longtemps restée centrée sur l’acte d’achat, de l’accueil en magasin aux packagings en passant par un moment de vente tout en empathie pour marquer les esprits et susciter l’envie de le raconter. Tout doit donner au client le sentiment d’être unique. Pas facile facile, face à une pénurie de vendeurs motivés et aux exigences croissantes d’une clientèle ivre de son pouvoir. Puis vint le temps de la mise en valeur de l’histoire de la marque : ses origines, son savoir-faire, ses secrets à travers des événements sélectifs, des visites d’ateliers (très prisées) et des expositions à échelle variable. Pas donné à tout le monde.
Voilà désormais le commerce tenté par une approche plus festive. Et plus radicale. Il y a quelques semaines, l’enseigne de néo-boulangeries The French Bastards (il fallait y penser) sollicitait ainsi le talent de Bob Sinclar, DJ renommé, pour ambiancer son établissement historique de la rue Oberkampf. 400 fans étaient massés dans la boutique et sur le trottoir (source TFB). A Toulon, la marque de prêt-à-porter Natif (huit magasins dans le sud) propose des afterworks tous les jeudis et a même lancé l’année dernière son propre festival organisé au sein de l’Hippodrome d’Hyères. 15.000 personnes y ont défilé en trois jours, autant fans de la marque que de musique. S’il n’est pas rare que des magasins de prêt-à-porter branchés organisent des DJ sets, force est de reconnaître que l’initiative est ici poussée à son paroxysme. Enfin, pour fêter ses dix ans, La Felicità, emblématique restaurant du groupe Big Mamma, sis non loin de l’incubateur Station F, proposait le 21 mai dernier, un giga food-court techno-disco, entre four à bois et boule à facettes, avec spritz, vibes festives et animations pour enfants (les Yoyo ne sont pas loin…).
Relationnelles, culturelles ou festives, les expériences imaginées par les enseignes évoluent ainsi, au fil du temps, de la plus exclusive, pour mieux flatter l’ego, à la plus partagée et étonnante, pour privilégier le buzz et se doter d’une communauté. Mais leur ambition reste toujours la même : faire de la consommation un moment émotionnel. Qui a envie qu’on vienne lui rappeler qu’il est ici pour dépenser de l’argent ?
So What ?
Quelle sera la prochaine expérience proposée par le commerce ? Vers plus d’intimité ou plus de partage ? Plus de rapprochements inattendus ou plus d’exploration patrimoniale ?