Chaque début d’année s’accompagne de son lot de nouveautés qui ne se réduisent pas toutes à des augmentations de prix… Depuis le 1er janvier, il est ainsi désormais « recommandé » aux restaurants servant plus de 180 couverts par jour de proposer un « doggy bag » à leurs clients. Loi sur le gaspillage oblige. Avec 14% de déchets alimentaires produits chaque année uniquement par les restaurants, la mesure n’est pas totalement incongrue.
Doggy bag ? Il va peut-être être temps de commencer à réfléchir à une adaptation française de la chose. Pour favoriser ce réflexe, la Ville de Paris a pris les devants en proposant à une centaine de restaurants une « box antigaspi » (on peut sûrement faire mieux…) accompagnée d’un autocollant signalant l’opération. Tous les plats de la carte ne seront sans doute pas « rapportables » à la maison, mais l’intention est là. Pourquoi d’ailleurs ne pas prévoir de mentionner sur les cartes les plats « doggy bags compatibles » ?
Comme toute nouveauté, celle-ci ne va pas manquer d’impacter nos imaginaires et nos habitudes. Elle est tout d’abord la matérialisation simple et concrète des excès de notre belle société de consommation. Comme la présence de containers en ville ou d’indicateurs de pics de pollution, il faut toujours un instrument de mesure pour favoriser les prises de conscience. Elle offre aussi aux restaurateurs l’opportunité de prolonger l’expérience vécue par leurs clients dans leurs établissements. Une manière de se souvenir d’un plat et d’un moment. Une première pierre dans le jardin marketing, encore en friche, de « l’après consommation » et qui ne devrait pas manquer de devenir très vite stratégique.
Pourquoi ne pas alors glisser dans le « doggy bag » une recette, un petit mot, une suggestion pour réchauffer un « reste » ou l’accompagner ? Peut-être deviendra-t-il même, un jour, normal de sortir d’un restaurant avec un doggy bag et donc d’envisager un repas au restaurant comme le commencement d’un autre repas… Voilà en tous cas qui devrait inciter les restaurateurs à se montrer généreux dans les portions proposées. Que risque en effet de penser celui qui quitte un restaurant sans son doggy bag ?
Nouveau rituel, nouvelle relation, nouvelles attentes, nouvelles offres, les doggy bags n’ont pas encore révélé tout ce qu’ils avaient dans leur sac…