3 avril 2023

Chefs volants

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A Paris, le restaurant Fulgurances, qui se définit comme « une association de bienfaiteurs », a institué, depuis son ouverture, le principe des chefs en résidence. Présents pour une durée de trois à six mois, c’est l’occasion pour eux (seconds de cuisine, jeunes talents, chefs cathodiques naissants…) de laisser libre court à leur imagination et de montrer leur talent sans devoir s’endetter pour acheter ou reprendre un établissement, ni avoir à en affronter la gestion. Fulgurances possède deux établissements à Paris et même un à New York.

S’il fut un temps, pas si lointain, où les créateurs étaient associés à un lieu ou à une marque, qu’il s’agisse de restauration, de mode ou de parfumerie, les voici désormais tentés par l’idée de devenir itinérants et de se déplacer de lieu en lieu, voire de marque en marque. Certains y verront un désir de rester libres qui s’est accentué depuis que le confinement est venu nous prouver que d’autres manières d’envisager le rapport travail-vie personnelle était possible. D’où la difficulté actuelle du monde de la restauration de recruter et de fidéliser du personnel… D’autres liront ce désir de ne pas « s’ancrer » comme la confirmation de la nécessité, pour se réinventer et montrer d’autres facettes de sa personnalité, de se frotter sans cesse à de nouveaux environnements. Et aussi une réponse aux attentes actuelles d’étonnement et d’expérience de la part de consommateurs toujours en quête de belles histoires à raconter.

L’idée que la passion doit l’emporter sur la sécurité domine aujourd’hui les esprits des Millenials et de la Gen Z… Être là, oui, mais pas de façon durable. S’investir, oui, mais pas pour la vie. Une façon d’exprimer l’idée que le talent et l’envie, pour s’entretenir et perdurer, ont besoin d’une remise en cause permanente. En multipliant les collab’, les marques font de même. Hier, elles parlaient d’ADN, de légitimité, de patrimoine et d’héritage ; aujourd’hui, elles se rêvent ailleurs, veulent se réinventer, tentent des collaborations inédites pour montrer qu’elles ne sont pas que ce que l’on croit. Leur manière à elles de nous dire que, pour rester en vie et se régénérer, elles doivent se confronter à l’autre. A d’autres univers, d’autres histoires, d’autres clients aussi.

L’époque carbure bien à l’hybride, et pas seulement dans le secteur automobile.

So What ?

Jamais le monde de la restauration n’a été aussi attentif aux conditions de travail de ses salariés que depuis la crise sanitaire. Les restaurants ne se définissent plus désormais comme des entreprises, mais comme des familles. Un patriarcat 2.0…