Phénomène apparu en France en 2013, directement importé des Etats-Unis, le Black Friday est venu s’installer dans un moment de calme consommatoire, entre la Rentrée et Noël, avec l’idée de relancer nos envies d’achat quand celles-ci commençaient à hiberner. Le marketing a décidemment horreur du vide. Le succès du Black Friday est tel qu’il est devenu, au fil du temps,l’antichambre de Noël par les « bonnes affaires » qu’il fait miroiter (les moins 70% n’étonnent plus personne). Tout allait donc pour le mieux dans le monde merveilleux de la consommation… jusqu’à cette année, où des voix contraires se font entendre…
Difficile, en effet, de ranger le Black Friday entre les Marikondistes et les Grétistes. Car trop, c’est toujours trop. Trop de remises, trop d’hystérie, trop d’incitations, trop d’accumulations, trop de dépenses. Et voilà qu’apparaît le Green Friday, un mouvement né de l’envie de sensibiliser les citoyens à une consommation responsable. Il ne s’agit pas, aux dires de ses fondateurs, de faire culpabiliser le consommateur, mais de l’inciter à s’interroger sur ses modes de consommation en le poussant au questionnement sur son impact écologique. Pas facile facile.
Fondé par un collectif de six membres : Envie, Altermundi, Dreamact, Emmaüs France, Ethiquable et le Réseau des Acteurs de Rémploi (REFER), avec le soutien de la Mairie de Paris, le mouvement proposera ainsi, le dernier vendredi de novembre, une centaine d’animations et d’ateliers de sensibilisation (rénovation et réparation de vêtements et d’appareils, ateliers DIY, conférences…) un peu partout en France. Mieux encore, des enseignes ont rejoint le mouvement et ont décidé, elles aussi, de ne pas casser les prix ce jour là, mais d’organiser des événements. La marque Faguo, par exemple, proposera de faire un état des lieux de nos biens de consommation afin de savoir ce qui peut être réparé, donné, vendu ou recyclé. La marque de maillots de bain Luz offrira à trois membres de sa communauté la possibilité de rencontrer son équipe créative pour participer à un exercice de co-création. Certains magasins ont même choisi de rester portes closes. Plus radical.
Il faut se réjouir de toutes ces initiatives car elles viennent révéler la même envie : s’approprier un moment de consommation pour lui donner plus de sens. Ici, ce sont des soldes plus responsables. Là, une carte-cadeau patriote dédiée aux achats made in France (lancée début novembre). Encore ailleurs, une opération comme la Saint Glinglin imaginée pour re-animer les centre-villes (prévue pour mars prochain). Cela fait plus de 50 ans que la consommation impose ses rythmes et sa logique aux consommateurs. Comment s’étonner que ceux-ci veuillent désormais la façonner à leurs valeurs ?