C’est une page de l’histoire de France de la consommation qui vient d’être tournée. Le catalogue des 3 Suisses, né en 1932, n’est plus. La fin d’une époque. Deux fois par an, les Français l’attendaient avec impatience. L’édition printemps-été 2014 des 3 Suisses sera donc la dernière. Avis aux amateurs de vintage et de collectors. Un pavé de 930 pages, édité à près de 8 millions d’exemplaires…
A bien y regarder, le catalogue, qui fit les beaux jours du commerce français, portait en lui ce qui ferait, plus tard le succès du e-commerce.
Facile d’accès. Posé sur un bureau, une table basse ou un fauteuil. Dans le salon ou la cuisine. Universel, doté d’une offre riche au sein de laquelle chacun pouvait, selon ses centres d’intérêt, ses envies, sa curiosité, trouver des idées, des sources d’inspiration… et même comparer les prix avec les offres du commerce réel. Le catalogue savait aussi produire du lien social. Il n’était pas rare qu’il suscite des échanges en familles, voire des « réunions catalogue » informelles. Une manière d’éprouver le réel, de trouver de l’inspiration sans bouger de chez soi…
Des raisons de coût de production et d’accélération du renouvellement des collections (toutes les six semaines pour les marques de fast-fashion quand les catalogues paraissent tous les six mois) justifient cette décision. Il n’empêche que le e-commerce ne remplacera jamais totalement le catalogue de vente par correspondance comme les tablettes et les liseuses ne remplaceront jamais vraiment les journaux et les livres. Recevoir le catalogue de la saison était un événement et l’avoir en mains et sur ses genoux suffisait pour assurer sa présence à l’esprit. Le catalogue est un objet. C’est la force du réel.