Selon une étude menée dans 50 pays, pour la première fois depuis plus de vingt ans, le temps passé sur les réseaux par leurs utilisateurs serait en régression. Moins 10%, entre 2022 et 2024, soit 2h20 par jour contre 2h27 auparavant. Une évolution surtout portée par les plus jeunes, lassés d’une expérience devenue trop uniforme et traversée par l’impression de voir défiler un contenu sans fin, impersonnel et algorithmique. Ce qui devait rapprocher les individus a fini par les isoler. Les fils d’actualité ont muté en vitrines publicitaires ou en déversoirs de vidéos générées par une intelligence artificielle laissant peu de place à la spontanéité.
Selon cette même étude, la part d’utilisateurs se connectant « pour garder le contact » ou « s’exprimer » aurait chuté de plus de 25% depuis 2014 parmi les plus jeunes. Le scroll est devenu un automatisme, rarement une source de plaisir. Face à cette lassitude, les pratiques évoluent. Les échanges se déplacent vers des formats plus intimes, comme des messageries privées, des newsletters ou encore des podcasts : des espaces plus restreints qui donnent une impression d’authenticité et de contrôle, loin des logiques de viralité imposées par les grands réseaux. Selon les experts, il s’agirait ici davantage d’un rééquilibrage que d’un désamour puisque ceux qui évoluent sur ces espaces reprendraient ainsi la main sur leur attention.
Pour les géants du numérique et pour les marques, c’est un signal clair : ils doivent se préparer à séduire autrement. Par la qualité de leurs interactions plutôt que par la quantité de leurs contenus. Après la fatigue du luxe, elle aussi portée par les plus jeunes, voici à présent la fatigue numérique. Une pause après l’hystérie de ces dernières années. Qui trouverait à y redire ?
La presse anglo-saxonne (The Guardian, The Standard, The Times) nous révélait récemment que le créneau de réservation le plus demandé par les jeunes qui se rendent au restaurant se situe désormais entre 18h et 19h. Plus accessible, moins de monde, moins d’attente. Un choix d’efficacité pas surprenant de la part d’une génération qui ne cesse de tout mesurer, évaluer, comparer. Dîner tôt, c’est avoir encore le temps, une fois chez soi, pour s’installer sur son canapé, regarder une série ou commencer une partie de Uno, de 7 Wonders ou de Loup-Garou. On compte aujourd’hui 150 éditeurs de jeux de société contre une quinzaine il y a quinze ans. Les infusions semblent avoir plus d’avenir que les effusions…