Depuis Christophe Colomb, on sait que l’œuf est autant un symbole qu’un aliment. Un symbole de simplicité et, désormais, de nos attentes quand il s’agit de passer à table. La France n’est pas seulement le premier producteur d’œufs d’Europe mais aussi le premier consommateur. Cocorico. Nous avalerions chacun, en moyenne, plus de 4 œufs par semaine, soit, selon les statistiques officielles, 226 œufs en 2024 contre 182 l’année précédente. Mais de quoi cette « oeufmania » est-elle le nom ?
Certains ne manqueront pas d’y voir le reflet des tensions budgétaires actuelles qui incitent les ménages à surveiller de près leurs dépenses. C’est sûrement l’un des facteurs explicatifs. Puisque l’œuf est aussi bon pour la santé que pour le porte-monnaie, pourquoi se priver ?
Les autres y verront le signe d’une attention croissante portée au contenu de son assiette, et, plus particulièrement, à la présence de protéines aujourd’hui très recherchées pour leur contribution à notre transformation physique (dernière nouveauté repérée : le Mini Babybel Protéine…). Surtout par ceux, de plus en plus nombreux, qui ont réduit leur consommation de viande. Deux œufs contenant autant de protéines qu’un (petit) steak haché, une corrélation entre la consommation d’œufs et la montée en puissance des pratiques sportives régulières (muscu, running, trail, marathon et autres plaisirs addictifs) s’impose.
Il fut un temps où manger trop d’œufs était mal vu par tous ceux qui surveillaient leur cholestérol, mais depuis que la notion de « bon cholestérol » s’est imposée dans les discours, l’œuf est disculpé et sa consommation, libérée. Pour preuve : le retour en grâce de la cuisine de bistrot avec, en tête de gondole, l’œuf mayo (œuf + œuf) et la mousse au chocolat (œuf puissance quatre), l’apparition sur les cartes de certains établissements estampillés fooding d’un « œuf parfait », comme une performance, ou encore la généralisation des brunchs 24/24, 7/7 destinés à une population en transit permanent où l’œuf tient le premier rôle du début à la fin de la carte.
Difficile d’imaginer notre quotidien d’aujourd’hui sans œufs. Pour reprendre un qualificatif très apprécié par le petit monde de la mode, l’œuf est un aliment versatile. Une vertu dont jouissent peu d’aliments et qui assure à l’œuf sa modernité. Et comme, en plus, les Français n’ont jamais autant consommé de poulet (+25% en 5 ans, surtout en RHD), c’est peu dire que la poule est devenue notre héroïne.
So What ?
Très présent dans notre quotidien, l’œuf est paradoxalement peu marketé. Les seuls discours possibles seraient-ils ceux des vertus et des origines, entre conditions d’élevage et nutrition des poules ?